Gouvernement : une diversité en faux-semblant

Publié le 7 Août 2007

Ce texte n'est pas de moi, mais de Rachel Khan, une verte qui a un certain sens de la plume !


11 femmes dont  3  issues de l’immigration. Du jamais vu !
Nombreux sont ceux qui félicitent la « diversité » du nouveau gouvernement. Le Premier ministre et le chef de l’Etat, eux-mêmes, se targuent de cette ouverture qui n’est plus seulement politique mais d’esprit ; à en couper le souffle à notre vieille gauche.  Détail symbolique qui attiserait presque une volonté de croire en un changement idéologique de la  droite.
La gauche jalouse, en cachette, cet inventaire ostentatoire. Entre culpabilité et mauvaise foi, on dénonce la démagogie du président tout en s’interrogeant sur les raisons d’un échec.
On trouve aussi des excuses : la gauche est profondément égalitaire et non raciste dès lors,  l’invisibilité des minorités visibles s’y  justifie.

Car à gauche, on se rend à l’église st Bernard, dans le gymnase de Cachan, on fait circuler des pétitions pour les sans papiers, on mobilise jusqu’au Darfour pour tenter de sauver des gens plongés dans des conditions d’une rare détresse. Pas besoin de vitrine à gauche, on aide les noirs et les Arabes à se réinsérer…

Le constat est d’un autre temps.  L’oscillation perpétuelle, entre stratégie de communication d’un côté et pitié déplacée de l’autre, démontre à quel point la question de la représentativité, de la diversité et de l’égalité réelle est taboue.

Alors, le gouvernement est-il aussi diversifié qu’il y paraît ? Il s’agit de savoir si Rachida Dati, Rama Yade et Fadela Amara incarnent individuellement ou collectivement la lourdeur des inégalités en France. Symbolisent-elles la pesanteur de l’ascenseur  social et les tensions qui en découlent ? 

Les statistiques sont là comme des preuves irréfragables. Nicolas Sarkozy a-t-il osé nous offrir le premier gouvernement de la diversité ?

Lorsqu’il s’agit d’individus, les chiffres sont-ils suffisants ? Doivent-ils nous contraindre à conclure de la représentativité du gouvernement  sans nous laisser la possibilité de l’analyse ? Certainement pas.

Ne soyons pas crédule devant ce gentil miroir aux alouettes. La vitrine gouvernementale est peut-être pire que ce que nous aurions pu imaginer. Elle répond de manière chirurgicale à une  idéologie bien ancrée à droite sur les questions de discrimination et d’intégration.

Pourquoi n’y a-t-il pas d’homme noir ou maghrébin au gouvernement ?

En effet, seules des femmes ont été choisies pour incarner cette mixité et il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas le souhait de faire d’une pierre deux coups qui a suscité ces nominations.

Les femmes ne se font pas jeter aux portes des boîtes de nuit, ce ne sont pas les femmes qui ont été médiatisée lors des révoltes urbaines de l’automne 2005….

Les femmes issues de l’immigration symbolisent d’abord la réussite de l’intégration et de  l’assimilation chère à la droite. Elles sont souvent citées à titre d’exemple à l’école ou à la fac, même si  parfois les motivations sont ailleurs.  En effet, pour certaines d’entre elles la réussite sociale semble l’ultime alternative pour s’émanciper de la suprématie d’un père ou des frères.

Ensuite, la féminité supplante dans les consciences le critère culturel ou l’ethnique.  Cette donnée est ancienne déjà dans le code noir c’est la condition du mâle ou de l’homme (maître) qui détermine la condition de l’enfant à naître. La couleur d’une femme  se dissout par l’image de La femme qu’elle renvoie.

Dans le cas du gouvernement l’omniprésence de la domination masculine  rend la question  de la culture, de l’origine, de l’ethnie plus acceptable et surtout beaucoup moins terrifiante. Dans l’imaginaire, ces femmes restent potentiellement maîtrisées physiquement, sociologiquement, culturellement.

Ce que l’on voit chez Rachida Dati et Rama Yad c’est d’abord leur féminité. Leurs beautés fortement décriées par les médias n’a su que trop nous démontrer qu’elles sont d’abord des femmes, du sexe faible, avant d’être d’origine… Notons au détour que Fadela Amara répond moins à cette tendance (parce qu’elle est de gauche ?),  mais sa féminitude en tant que présidente de Ni putes Ni soumises est encore une fois lourdement affirmée.

C’est parce qu’elles sont  femmes que leurs origines sont vécues comme un exotisme épicurien, c’est tout l’opportunisme de ce choix qui apparaît comme une avancée sans bousculer les consciences.

Ne nous voilons pas la face. Il n’existe toujours pas de concurrence directe en politique entre les femmes et les hommes. Les désignations au sein des partis, en vue des élections se font selon deux pôles genrés différents. La loi pour la parité n’a pas pour conséquence concrète d’établir l’égalité entre femmes et hommes mais simplement de garantir la présence des femmes en politique. L’égalité est ailleurs…
L’homme est un loup pour l’homme et la femme et une louve pour la femme.
Le signe de la diversité aurait été de considérer des hommes issus de l’immigration dans le gouvernement, le signifiant aurait été différent.  Un homme aurait fait appel à un autre homme.

Mais on ne demande pas à un gouvernement nommé d’être représentatif de la société.
C’est en revanche l’exigence existentielle de l’Assemblée Nationale. Or, pour les députés de l’UMP issus de l’immigration africaine, puisque c’est elle qui pose problème, laissons parler les chiffres…femme ou homme, le calcul est simple : il n’y en a pas.


Rédigé par Catherine Candelier

Publié dans #moi je...

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