Que se raconte-t-il au conseil municipal de Sèvres ?

Publié le 29 Octobre 2007

voici le compte-rendu du dernier conseil municipal de Sèvres du 11 octobre, co rédigé avec mon collègue Frédéric Puzin :

22 points à l’ordre du jour de ce conseil, nous n’en retiendrons que les principaux pour ne pas nuire à la patience de notre lectorat fidèle. En début de conseil, on nous présente Skip et son épouse. Skip est l’ancien maire de Mount Prospect et comme il s’ennuyait, il est venu assister au conseil. On nous distribue pour l’occasion un pin’s de Mount Prospect avec un joli aigle américain. Nos collègues de la majorité l’arborent aussitôt. Nous remarquons à voix basse que le pin’s est « made in Taïwan ».
Les orientations budgétaires : traditionnellement adoptées deux mois avant le budget, il s’agit en temps normal pour la municipalité de s’auto congratuler et d’annoncer les projets pour l’année suivante. Las, nous sommes à la veille des élections municipales ! On s’auto congratule certes sur l’excellente façon dont on a géré les sous communaux l’an passé (« la situation financière est saine »), mais le document est vide d’ambitions, malgré l’annonce « d’une politique d’investissement ambitieuse ». Les projets n’ont en effet rien de nouveau : on met aux normes les bâtiments municipaux pour les rendre accessibles (c’est normal et c’est obligatoire qu’une mairie le fasse…), on rénove l’Hôtel de Ville (c’est tout pareil normal), on reconstruit l’école Croix-Bosset (le projet est dans les cartons depuis 10 ans, donc…). Rien, et nous le faisons remarquer sur l’amélioration des performances énergétiques, sur la qualité environnementale. Et pourtant il nous avait semblé que la crise énergétique et les dérèglements climatiques produisaient leurs premiers effets. Peut être pas jusque dans la tête de la majorité…
Concernant les ressources, bien entendu il ne fallait pas s’attendre à une augmentation du taux de fiscalité en période électorale. Pourtant, les dotations diverses de l’Etat sont en diminution. On fera donc moins avec moins, en « maîtrisant » par exemple les dépenses de personnels ou les dépenses de gestion courantes. Cependant, la fiscalité augmentera bien au travers de l’augmentation de l’assiette fiscale qui devrait tourner autour de 1, 8%. Mais ça, on ne le dit pas trop. Comme l’Etat a réformé la taxe professionnelle en 2006, on s’aperçoit que les rentrées seront là aussi en diminution….
Reste donc à recourir à l’emprunt. Pour couvrir des opérations qui ne sont, nous le répétons, que des opérations courantes et qui n’ont aucun caractère exceptionnel. Le Sèvrien peut donc dormir tranquille, en septembre prochain, ses impôts ne seront pas trop augmentés. Quant à son endettement, il part de très bas (600 euros par habitant). Nous faisons cependant remarquer que l’un des tableaux fournis par la municipalité nous semble lacunaire. Celui-ci fait ressortir un autofinancement possible de 2,6 millions d’euros mais sans indiquer de chiffres dans la ligne « dépenses imprévues ». L’an passé l’auto financement était de 2,24 millions avec des dépenses imprévues de 0,3 million. Il suffit de faire un petit calcul pour s’apercevoir que l’autofinancement n’est pas en hausse…La réponse du maire est confuse et l’on sent les services gênés de cette remarque audacieuse. Le budget de la ville devrait s’établir aux alentours de 29 millions d’euros. Et c’est à cet instant que l’on se rappelle, qu’au fait, beaucoup de choses dépendent désormais de l’intercommunalité ! Il faudra donc une analyse supplémentaire pour comprendre ce qu’il risque de ne pas se passer dans notre ville en 2008.
Le pseudo intérêt pour les questions d’environnement de beaucoup d’élus se vérifie lorsqu’il a fallu voter pour ou contre une centrale à produire du froid pour la climatisation des bureaux à construire sur l’Ile Seguin. Dans un secteur où les ordures ménagères seront aspirées en sous-sol, où les moyens financiers existent, on continue à climatiser des centaines de milliers de M2 et on se proclame partisans du développement durable, des économies d’énergies etc. Cela s’appellent des faux-semblants.
L’avis du conseil sur la demande d’ouverture du Franprix le dimanche après-midi donne lieu à un débat fourni et réveille notre conseil endormi. Le débat commence par une intervention de Jean-Pierre Fortin qui se pose en défenseur du petit commerce et de la liberté d’entreprendre. Oui, il faut ouvrir le dimanche après-midi parce qu’il existe des gens qui sont débordés le samedi et qui ne peuvent pas faire de courses, d’après lui. L’opposition municipale prend la parole, un peu trop au goût du maire qui ne voit pas pourquoi on débat autant de cette question. Pour lui, il y a des sujets et des non sujets.
Nous rappelons que nous avons interpellé en mars le Préfet et l’Inspection du travail car le Franprix était ouvert en toute illégalité. Nous nous attristons de la non réponse des autorités et de l’inaction de la Police, dont les locaux se trouvent pourtant à 50 mètres du délinquant. Nous rappelons que l’ouverture le dimanche après midi de commerces entraîne la suppression d’emploi dans d’autres établissements. Et nous nous opposons à cette ouverture dominicale (et pourquoi pas la nuit si tout soit être ouvert tout le temps), notamment parce que nous doutons que les salariés soient volontaires. Nous n’avons aucune confiance dans le porteur du projet qui pendant des mois a enfreint la loi.
Nous citons un extrait de l’homélie de Monseigneur XXIII, Archevêque de PARIS , à la messe des parlementaires célébrée en la fête de saint Denis, premier évêque de Paris, basilique Sainte-Clotilde, le 9 octobre 2007. « Dans les études sur le travail dominical, prend-on suffisamment en compte les retombées de la volatilisation du temps de travail sur l’équilibre des familles ? Quelles possibilités resteront que tous, parents et enfants, puissent se retrouver ensemble un jour complet et nourrir des relations plus riches que sous la contrainte des jours ouvrables, plus riches et plus variées que produire et consommer ?. Même si bien des gens souhaiteront travailler dans ces conditions pour améliorer leurs feuilles de paye, est-ce pour autant une proposition raisonnable ? Les employés doivent pouvoir gagner leur juste salaire sans être acculés à des horaires qui vont déstructurer l’équilibre de leurs relations familiales. »
Un rapport du Conseil économique et social en 1989 a démontré que l’abolition de la loi de 1906 entrainerait la destruction des commerces de proximité, l’affaiblissement financier des fournisseurs, le développement du consumérisme et l’exclusion familiale et sociale des employés du dimanche. Et nous précisons car nous ne sommes pas sectaires que « le repos du dimanche permet aussi de percevoir quelque chose de la liberté et de l’égalité de toutes les créatures de Dieu", a déclaré Benoît XVI. Nous insistons sur le fait que le travail le dimanche pour des salariés contrevient à tout ce que la droite prétend défendre.
Valeurs morales et familiales sont bafouées par une conception utilitariste à courte vue. Les salariées ne sont pas volontaires pour travailler le dimanche, elles sont contraintes par la modicité de leurs salaires, par les contrats qui ne sont jamais à temps plein. Il faut respecter le repos dominical du dimanche après-midi empêcher les commerces d’être ouverts tous les jours sans discontinuer. Il a fallu que nous dénoncions cette situation pour que l’entreprise réagisse en demandant une autorisation et continue néanmoins actuellement à bafouer la législation.
C’est la première fois qu’une soi-disant pétition est prise en compte par la mairie (120 personnes auraient signé une pétition favorable à l’ouverture du dimanche après-midi). Notre responsabilité est de penser aux enfants livrés à eux-mêmes, aux moments de détente et de partage collectif qui sont ceux de la famille et de chacun d’entre nous. En cas d’urgence, il existe assez d’épiceries familiales ouvertes.
Le Maire fait passer au vote en donnant la liberté puisqu’il s’agit d’un « vote en conscience ». Parce que pour les autres sujets, il n’y a pas de conscience… L’opposition de gauche vote contre et Christophe Chaboud s’abstient. Le Modem vote pour.

Rédigé par Catherine Candelier

Publié dans #Sèvres

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