Le SDRIF ou le chaos

Publié le 2 Septembre 2008

C'est dans l'ambiance certainement studieuse et décontractée de l'université d'été du MEDEF sur le campus de Polytechnique que s'est déroulé le dernier épisode Etat-Région sur le Schéma Directeur de la Région Ile-de-France.

Comme le rapporte le Nouvel Obs et d'autres blogs, le secrétaire d'Etat au développement de la région capitale, s'en est violemment pris au SDRIF en déclarant qu'il ne transmettrait pas le document en Conseil d'Etat.

Non content d'être hargneux sur le fond, Christian Blanc s'est montré particulièrement indélicat avec Mireille Ferri, vice-présidente de la Région en charge de l'aménagement du territoire. Etait-ce parce que Mireille était la seule femme dans cet aréopage bien masculin ? Ou parce qu'elle est membre des Verts ? Les deux mon capitaine, puisqu'apparemment Blanc a fait l'éloge de Gérard Collomb et de Michel Destot, maires PS de Lyon et Grenoble, tout au long de la séance.

Au-delà des grossièretés et de l'inélégance, que faut-il retenir des propos de Christian Blanc contre le projet de SDRIF ?

D'une part, que la Région ose le voter de façon définitive le 25 septembre, mettant « devant le fait accompli » l'Etat. On a du mal à croire que le secrétaire d'Etat, chargé par le Président himself de trouver la parade aux projets portés par la gauche et les Verts en Ile-de-France, puisse être d'une aussi mauvaise foi. Balayés les trois ans de travaux associant les services de l'Etat, les concertations, l'enquête publique (qui a rendu un avis favorable en juin)...le gouvernement ne semble pas informé que le SDRIF est en révision depuis 2005. Il ne sait pas non plus que comme la loi le dispose, l'Etat a été formellement associé à cette révision. Lors de la dernière réunion du comité de pilotage en juillet, le Préfet de Région a joué la politique de la chaise vide.

Il faudrait ensuite que la Région « attende » les résultats en janvier du concours international d'architecture sur le Grand Paris, décidé par Sarkozy et dont personne ne sait vraiment définir le contour, sauf à vouloir s'écharper encore entre camarades de l'UMP.  Rappelons que le schéma directeur actuel date de 1994 et que chacun s'accorde à dire qu'il est devenu inopérant. Il est donc nécessaire qu'un nouveau schéma voit le jour pour permettre aux collectivités locales d'y voir plus clair. La loi Pasqua a confié l'élaboration du SDRIF à la Région, celle-ci a suivi méticuleusement toutes les étapes de procédure, y compris une enquête publique, la plus grande jamais entreprise puisqu'elle intéressait plus de 11 millions d'habitants. Aujourd'hui, la demande de report de l'adoption du schéma par la région formulée par Blanc, c'est tout simplement le prolongement du « fait du prince » qui s'est établi en Ile-de-France depuis l'élection présidentielle.

Autre argument pour demander à la région de modifier le projet, c'est LA CROISSANCE. Je ne résiste pas ici à citer le secrétaire d'Etat : « comment voulez-vous que nous acceptions un document dont l'objectif est de  faire 2% de croissance par an sur les 20 ans qui viennent ? 2% ! C'est suffisamment énorme pour qu'on le souligne ».

Le SDRIF, qui est un document d'urbanisme rappelons-le à l'envi, serait donc, d'après Blanc, coupable de ne pas planifier une croissance francilienne de plus de 2% par an. Tout d'abord, ce n'est pas son rôle, ensuite, depuis quand « la croissance se décrète » ? Et enfin, moi, en ce moment je serais ministre, je me ferais discrète sur le taux de croissance envisagé même pour l'année en cours...

Soyons un peu sérieux, et rappelons à Christian Blanc les chiffres des années passées : le PIB (base de calcul de la fameuse croissance) de l'Ile-de-France c'est un peu moins de 30% du PIB national. Ensuite que le taux de croissance du PIB en Ile-de-France, ces dernières années tourne justement aux alentours de 2% par an, même un peu moins parfois (1,46% en 2002, 1,81% en 2003, 0,7% en 2004, 1,78% en 2005 et 1,35% en 2006.)

Christian Blanc est un fan de la croissance (il a même écrit un livre intitulé "La croissance ou le chaos"), sans laquelle il ne voit point de salut. C'est vrai que notre bonne vieille croissance bien classique a réduit les inégalités sociales et territoriales dans notre région. Et côté environnement, cette même croissance a fait des miracles en matière de biodiversité, de protection des ressources naturelles, de pollution de l'air....Mais alors, qu'attend le gouvernement auquel Monsieur Blanc appartient pour décider que dès l'an prochain, on se fait une croissance à deux chiffres pour sauver la planète ?

Pour terminer ce billet très long, je vous propose d'aller faire un tour sur le blog de campagne du député Blanc, tout en haut de la page, cliquer sur son intervention lors d'une projection du film d'Al Gore...assommant !

Rédigé par Catherine Candelier

Publié dans #Région

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article